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04/01/2014

Contrerimes LXIII

Toute allégresse a son défaut
Et se brise elle-même.
Si  vous voulez que je vous aime,
Ne riez pas trop haut.
 
C'est à voix basse qu'on enchante
Sous la cendre d'hiver
Ce cœur, pareil au feu couvert,
Qui se consume et chante.

03/02/2012

Contrerimes XII

                                                         Le Garno.

 

L’hiver bat la vitre et le toit.
    Il fait bon dans la chambre,
À part cette sale odeur d’ambre
    Et de plaisir. Mais toi,
 
Les roses naissent sur ta face
    Quand tu ris près du feu...
Ce soir tu me diras adieu,
    Ombre, que l’ombre efface.

18/07/2011

Contrerimes XXI

                                               La première fois.

- " Maman !... Je voudrais qu'on en meure. "
     Fit-elle à pleine voix.
- " C'est que c'est la première fois,
     Madame, et la meilleure. "
 
Mais elle, d'un coude ingénu
     Remontant sa bretelle,
- " Non, ce fut en rêve ", dit-elle.
    " Ah ! que vous étiez nu... "
                  
 

20/11/2010

Contrerimes VIII

Dans le silencieux automne
    D’un jour mol et soyeux,
Je t’écoute en fermant les yeux,
    Voisine monotone.

Ces gammes de tes doigts hardis,
    C’étaient déjà des gammes
Quand n’étaient pas encor des dames
    Mes cousines, jadis ;

Et qu’aux toits noirs de la Rafette,
    Où grince un fer changeant,
Les abeilles d’or et d’argent
    Mettaient l’aurore en fête.

06/04/2010

Contrerimes XXX

                                                     La Cigale.


Quand nous fûmes hors des chemins
Où la poussière est rose,
Aline, qui riait sans cause
En me touchant les mains ; —

L’Écho du bois riait. La terre
Sonna creux au talon.
Aline se tut : le vallon
Était plein de mystère...

Mais toi, sans lymphe ni sommeil,
Cigale en haut posée,
Tu jetais, ivre de rosée,
Ton cri triste et vermeil.

19/03/2009

Contrerimes XIX

                                              Rêves d’enfant.

Circé des bois et d’un rivage
    Qu’il me semblait revoir,
Dont je me rappelle d’avoir
    Bu l’ombre et le breuvage ;

Les tambours du Morne Maudit
    Battant sous les étoiles
Et la flamme où pendaient nos toiles
    D’un éternel midi ;

Rêves d’enfant, voix de la neige,
    Et vous, murs où la nuit
Tournait avec mon jeune ennui...
    Collège, noir manège.

 

30/10/2008

Contrerimes LXX

La vie est plus vaine une image
    Que l’ombre sur le mur.
Pourtant l’hiéroglyphe obscur
    Qu’y trace ton passage

M’enchante, et ton rire pareil
    Au vif éclat des armes ;
Et jusqu’à ces menteuses larmes
    Qui miraient le soleil.

Mourir non plus n’est ombre vaine.
    La nuit, quand tu as peur,
N’écoute pas battre ton cœur :
    C’est une étrange peine.

12/09/2008

Contrerimes VI

Il pleuvait. Les tristes étoiles
    Semblaient pleurer d’ennui.
Comme une épée, à la minuit,
    Tu sautas hors des toiles.

— Minuit ! Trouverai-je une auto,
    Par ce temps ? Et le pire,
C’est mon mari. Que va-t-il dire,
    Lui qui rentre si tôt ?

— Et s’il vous voyait sans chemise,
    Vous, toute sa moitié ?
— Ne jouez donc pas la pitié.
— Pourquoi ?... Doublons la mise.

15/07/2008

Contrerimes XLV

Molle rive dont le dessin
     Est d'un bras qui se plie,
Colline de brume embellie
     Comme se voile un sein,

Filaos au chantant ramage -
      Que je meure et, demain,
Vous ne serez plus, si ma main
      N'a fixé votre image.

13/04/2008

Contrerimes XL

L'immortelle, et l'oeillet de mer
      Qui pousse dans le sable,
La pervenche trop périssable,
      Ou ce fenouil amer

Qui craquait sous la dent des chèvres
       Ne vous en souvient-il,
Ni de la brise au sel subtil
       Qui nous brûlait aux lèvres ?

26/03/2008

Contrerimes 1

Avril, dont l'odeur nous augure
Le renaissant plaisir,
Tu découvres de mon désir
La secrète figure.

Ah, verse le myrte à Myrtil,
L'iris à Desdémone :
Pour moi d'une rose anémone
S'ouvre le noir pistil.

25/03/2008

Pour débuter

Voici quelques poèmes de Paul-Jean Toulet tirés de son chef-d'oeuvre, Les Contrerimes. Son recueil est normalement divisé en quatre parties, Contrerimes, Chansons, Dixains, Coples. Je piocherai ici et là en précisant bien sûr la place initiale de chaque poème.

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